Pourquoi l’ordinateur portable a-t-il tant de succès auprès des étudiants dans les cours

Il peut paraître absurde de voir des étudiants prendre des notes sur un rigide traitement de texte, alors que des feuilles de papier laissent toute la liberté de noter comme on le souhaite des informations. Mais si les étudiants transportent avec eux leur ordinateur portable, ce n’est pas, comme on pourrait le penser, parce que cela est plus « pratique » pour prendre des notes, non. La vraie raison est ailleurs. Elle réside dans le fait que les étudiants ne peuvent plus se passer d’Internet. Ce n’est pas tant le fait de prendre des notes sur le clavier qui importe ; mais surtout la possibilité d’aller sur la toile. La réalité du discours d’un enseignant ou d’une bibliothèque remplie d’imprimés ne leur suffisent plus. Ils ont besoin de cette toile où qu’ils se trouvent et de ce fait, ne pratiquent pas « la déconnexion ».
Ce phénomène d’addiction touche au moins 50 % des étudiants. Cela fait beaucoup de gens sur une population mondiale. L’addiction à Internet a remplacé l’addiction à la télévision. Et comme chacun le sait, tout excès finit par nuire à l’équilibre. Ainsi les étudiants lisent de moins en moins de livres et préfèrent consulter des articles sur Internet. L’extrait est privilégié au détriment de l’ouvrage intégral.

Du processus cumulatif et non substitutif des outils

Lorsqu’un outil atteint un point maximum de perfection, il est utilisé tel quel et n’est pas substituable par un autre outil. Il en est ainsi du marteau qui a traversé toutes les époques. Il en est de même pour l’écriture manuscrite et le papier. L’ordinateur possède des caractéristiques propres, mais ne remplace en rien le livre ou l’écriture manuscrite. L’ordinateur est un outil qui vient se surajouter aux outils déjà existants. C’est en cela que l’on peut parler de processus cumulatif et non substitutif des techniques lorsqu’une technique a atteint son point maximum de perfection. Aussi est-ce une bévue totale de remplacer le cahier de notes par l’ordinateur, même si l’on peut écrire tout de même directement à l’ordinateur certains textes. L’image de synthèse n’a pas fait disparaître la peinture sur toile. Et c’est ce que ne comprennent pas de nombreux étudiants qui ne jurent que par l’ordinateur.

D’autre part, parce que les étudiants sont encore « plongés dans des reliquats d’enfance », il leur faut un objet « transitionnel » qu’est justement l’ordinateur avec lequel on peut jouer à des jeux. L’homme transporte avec lui une éternelle enfance et a tendance à n’atteindre jamais la maturité. De ce fait, il lui faut sans cesse de nouveaux jouets. Et l’ordinateur est le jouet favori des étudiants. Le chemin est long pour atteindre la maturité et cesser enfin de s’amuser avec des jouets. Quelques étudiants atteignent cette maturité. Ce sont en général des rebelles où les plus géniaux.
Les masses sont infantilisées par divers procédés qui les empêchent de procéder à une prise de conscience. Car si les masses sortaient de l’infantilisation, elles n’achèteraient plus ces jouets pour adultes que des milliardaires font fabriquer pour faire fructifier leur capital ●

Copyright Serge Muscat – février 2016.

Futur, passé, présent: le grand télescopage de notre époque contemporaine et les déboires de la spécialisation

Nous vivons une époque où règne la technique, l’informatique et la communication de masse. Sans cesse nous sommes tiraillés entre les dernières innovations technologiques et un passé très lointain qui remonte à plus de 2000 ans. Il n’est pas facile de faire le grand écart entre ces diverses périodes de l’histoire humaine.
Parmi les individus, certains sont cantonnés dans le passé en ne comprenant pas grand-chose au monde actuel, tandis que d’autres vivent dans le présent en étant totalement hermétiques à la culture du passé. En même temps les cultures s’affrontent. Par exemple la culture de l’ingénieur s’oppose à la culture littéraire. C’est même une lutte permanente entre ces deux cultures. Déjà C. P. Snow en parlait en 1959 dans une conférence sur « les deux cultures », c’est-à-dire sur le fossé grandissant entre les sciences et les humanités.
Cet affrontement de plus en plus féroce entre par exemple une discipline comme l’informatique et d’autre part la philosophie est la marque de notre époque. Pourtant, avec les moyens de communication que nous possédons aujourd’hui dont Internet est la figure emblématique , nous devrions avoir la possibilité de renouer avec la posture des Lumières. Les moyens techniques sont présents pour faciliter cette démarche. Et ce n’est malheureusement pas ce qui se produit. Le cloisonnement des disciplines est toujours plus avancé et l’homme vit dans une prison mentale où l’idéologie régnante est que l’humain n’est capable que de faire une seule chose, ou autrement dit d’être spécialisé.Il règne une aliénation de l’homme qui contredit ses potentialités qui sont celles de l’adaptation. Déjà les théoriciens de l’École de Francfort nous mettaient en garde contre les méfaits de la spécialisation. Ainsi Walter Benjamin n’hésitait-il pas à s’intéresser à de nombreuses disciplines et à regarder d’une manière panoramique tout ce qui se déroulait à son époque. C’était l’ère débutante de la culture de masse et des industries culturelles. Depuis nous en sommes arrivés à une société du divertissement où domine la bêtise médiatique et où les individus passent d’une chaîne de télévision à l’autre pour remplir leur temps libre. Aliénés au travail tout autant que dans leurs loisirs, les hommes d’aujourd’hui sont pris dans la spirale infernale de la consommation toujours plus importante de produits dont beaucoup sont totalement inutiles et ne servent qu’à faire gagner de l’argent à ceux qui les conçoivent. C’est là le paradoxe du libéralisme. Des hommes et des femmes se voient obligés d’avoir des emplois stupides pour gagner leur vie alors que la société pourrait éliminer ces activités lucratives qui ne servent pourtant à rien et qui condamnent les individus à vivre dans une prison mentale, et parfois même à sombrer dans la folie, comme par exemple ceux qui se suicident au travail tellement la pression psychologique est intense.
Ainsi, donc, la spécialisation et le néo-taylorisme sont ce qui caractérisent ce 21e siècle, avec également l’industrie du divertissement. Il faut « s’amuser » pour ne pas devenir fous. Au lieu d’ouvrir son esprit durant le temps libre, l’individu s’aliène un peu plus dans des loisirs artificiels que des entreprises avides de profits lui proposent « pour être heureux ». L’hyper-spécialisation du travail fonctionne en résonance avec le caractère aliénant des loisirs. Les deux vont ensemble. Si l’homme était moins spécialisé, ses loisirs seraient moins aliénants. Ne regarder le monde que par une seule fenêtre donne une vision tronquée de la réalité. De l’homme « complet » de l’époque des Lumières nous avons abouti à un homme amputé, à qui il manque toujours quelque chose à consommer pour palier ce vide mental lié à la spécialisation. Cette idéologie dévaste notre société où chacun s’active à réaliser une tâche qui n’a malheureusement pas de sens. L’homme n’est pas une fourmi ou une abeille, malgré les trop fréquentes analogies faites entre ces êtres vivants. L’homme a la capacité de s’adapter rapidement à une nouvelle situation. Et pourtant notre société actuelle nie cette capacité d’adaptation. L’individu est classé dans une catégorie comme on dit d’une fourmi qu’elle est exclusivement ouvrière. Nous ne sommes pas « programmés » génétiquement pour être ceci plutôt que cela. Tout est quasiment déterminé par l’apprentissage. Et notre système éducatif spécialisé fait comme si l’homme n’était capable que de faire une seule chose, toujours et encore la même chose. Ainsi l’individu est-il condamné à la répétition, de l’enfance jusqu’à la mort. Cette répétition est orchestrée par une minorité dominante qui, grâce à cette répétition aliénante des masses, peut faire ce que bon lui semble et passer du coq à l’âne. La spécialisation est une idéologie libérale qui permet à certains d’avoir le contrôle sur les masses des travailleurs. Le libéralisme fait payer le prix de l’aliénation de presque tous pour qu’une minorité s’accapare tous les biens. Combattre cette idéologie est ce que faisaient par exemple les théoriciens de l’École de Francfort en pratiquant la pluridisciplinarité. Certains sociologues libéraux nous disent que la spécialisation est inéluctable pour faire fonctionner une société. Mais même si le monde est de plus en plus complexe, l’homme développe en même temps des outils qui lui permettent d’apprendre et de s’adapter plus rapidement. A l’époque des Lumières les individus n’avaient que le livre comme support du savoir. Au 21e siècle nous avons l’ordinateur et la gigantesque toile d’araignée qu’est Internet. Il est de nos jours, grâce à ces outils, beaucoup plus facile par exemple de se procurer un livre d’un clic de souris qu’au 17e siècle. La masse d’informations augmente, mais en même temps les moyens techniques d’accéder à l’information sont de plus en plus efficaces et rapides. Ce qui fait que rien ne nous empêche au 21e siècle d’avoir la même démarche que celle adoptée à l’époque des Lumières malgré la complexification des connaissances. Et pourtant ces nouveaux outils ne nous mènent que vers toujours plus de spécialisation et de répétition.
C’est à un changement profond de société auquel il faut s’atteler pour sortir de cette folie dans laquelle nous sommes tous entraînés où certains voudraient nous faire « travailler plus pour gagner plus » dans une aliénation toujours plus totale.
Je ne voudrais pas ici conclure sur une note pessimiste. Cependant, si nous ne changeons pas de direction, nous irons vers des contradictions toujours plus flagrantes qui finiront par bloquer toute la société ■

© Serge Muscat – décembre 2015.

De la bonne utilisation des MOOCS

Si les MOOCS ne sont pas encore reconnus par les entreprises comme étant une « réelle » formation sanctionnée par un diplôme, cette forme d’apprentissage peut cependant venir en complément des études universitaires. Ils peuvent par exemple servir à découvrir une discipline ou un point particulier dans celle-ci, et de ce fait contribuer au travail universitaire, aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants. Il faut toutefois se méfier des MOOCS qui ne sont en fait que des publicités déguisées. Ainsi les entretiens d’artistes sont-ils sans aucun intérêt, car il n’y a aucune théorisation. Il y a en fait très peu d’artistes qui sont en même temps des théoriciens.

Nous vous proposons donc cet annuaires des MOOCS francophones à cette adresse http://mooc-francophone.com/liste-mooc-en-francais/ dans lequel vous trouverez le meilleur comme le pire. C’est à vous d’exercer votre esprit critique sur ce qui est ou non de la publicité maquillée en connaissances ou bien encore de la simple vulgarisation. D’autre part les informations diffusées sur les MOOCS sont « minimalistes ». Ainsi suivre plusieurs dizaines de MOOCS n’équivaut même pas à une année d’études universitaires suivie en présentiel. Le MOOC est « le goutte-à-goutte » de la connaissance. Aussi un MOOC ne peut-il pas remplacer les milliers d’heures de cours d’un parcours universitaire.

Par ailleurs voici deux sites qui vous permettront de vous tenir informé sur la recherche scientifique: Canal U et le CNRS.

Le propre du jeu informatique

Le propre du jeu informatique est de n’avoir pas de prise sur le réel. C’est une activité « qui tourne à vide », sans impacter les mécanismes de la réalité. Le jeu est comme la simulation qui fonctionne en « circuit fermé », sans interaction avec la réalité. Tel un algorithme et, du reste, basé sur ce dernier, il tourne en boucle sur lui-même dans les possibilités du programme. L’aléatoire y est constitué d’un « pseudo aléatoire » qui n’a rien de hasardeux. Tous les possibles sont écrits d’avance et la loi du chaos n’a pas lieu d’être. Ce qui est préprogrammé ne peut pas refléter la complexité du réel mouvant. Car le réel du vivant ne se répète pas, jamais.

Faire le vide

L’homme moderne est entouré de commutateurs, de boutons qui chacun déclenche quelque chose. Il n’est pas rare que l’individu appuie sur la totalité de ces boutons pour tout déclencher en même temps. Ainsi la télévision peut fonctionner avec la radio tout en jouant avec un jeu sur ordinateur pendant que le téléphone sonne. Époque de dispersion, il devient impossible de se concentrer sur une tache pour la mener à bien. De partout nous sommes interpellés pour connaître nos opinions, pour nous conseiller d’acheter tel ou tel produit, et le vendeur de volets nous appelle au téléphone pour nous proposer ce qui se fait de mieux en matière de nouvelle technologie.
Nous sommes sans repos et au bord de la dépression. Nous voudrions « tout débrancher » comme le dit une chanson populaire, mais nous avons peur de nous couper du monde. Pourtant, le simple fait de s’allonger, de fermer les yeux, de faire durant l’espace de quelques instants un retour sur soi, de faire une petite sieste sur notre lieu de travail comme cela se pratique dans certains pays, résoudrait bien des problèmes.
Le canapé devrait être l’objet le plus généralisé en entreprise et surtout dans nos usines. Faire une pause, ne serait-ce que de dix minutes pour se recentrer, pour retrouver l’unité avec soi-même. Les machines inventées par l’homme ne sont pas à sa mesure. Trop rapides pour la lenteur de l’humain, ce dernier passe son temps à courir après des mécaniques devenues incontrôlables. Il devient nécessaire de ralentir, de prendre le temps de respirer, de marcher d’un pas plus lent… et de faire un instant le vide dans son esprit. Apprendre à être à l’écoute de soi-même et ne plus succomber aux injonctions des écrans qui se multiplient dans notre société. Les écrans ont remplacé les anciens formulaires de la toute puissante bureaucratie. Désormais il y a de plus en plus d’écrans en même temps que les boites aux lettres se vident. Et ces écrans ne nous laissent pas de repos. Allongeons-nous un instant et faisons une sieste réparatrice tout en faisant le vide…

© Serge Muscat – Janvier 2016.