Petite histoire des microprocesseurs et de ses défis

C’est en 1947 que fut inventé le premier transistor par les Laboratoires Bell. Personne ne se doutait encore que cette invention allait devenir capitale pour les progrès de l’informatique et le confort de notre vie quotidienne. Puis, de miniaturisation en miniaturisation, Intel crée en 1971 le premier microprocesseur, le 4004. C’est un microprocesseur de 4 bits qui permet le lancement des premiers micro-ordinateurs.

Très rapidement fut conçu un microprocesseur à 8 bits, le 8008, toujours par la société Intel, qui est au départ utilisé pour fabriquer des contrôleurs graphiques. Ce microprocesseur fut utilisé par la suite à un usage général.

L’explosion de la micro-informatique est réalisée avec l’arrivée de deux microprocesseurs, le Z80 de Zilog et le 8080 de chez Intel. Avec le Z80 naissent les premiers ordinateurs grand public de marque Amstrad qui furent un véritable coup de tonnerre dans le monde de l’informatique individuelle. Pour la première fois, l’ordinateur entrait dans les foyers et pouvait être utilisé par toute la famille, et ceci à un prix abordable. Dès lors, l’informatique n’était plus réservée aux professionnels, et nombreux étaient ceux qui s’adonnaient à la programmation en langage BASIC durant les loisirs.

A partir de ce moment, l’ordinateur eut la même place que celle de la radio ou de la télévision. Ce fut le début de la numérisation généralisée de la société, avec ses joies et ses déboires.

Dans la foulée, la société MOS Technologie fabriqua le processeur 6502 qui était utilisé par les Apple II, les Commodore PET et 64 ainsi que les consoles Atari. Ce processeur était très économique et possédait de bonnes performances par rapport à ses concurrents. Il permit en outre à Apple de prendre son essor dans le monde de la micro-informatique.

Peu après, chez Motorola sortit le processeur 68000 qui eut un franc succès puisqu’il équipait les premiers Macintosh ainsi que les Atari ST et les Commodore Amiga. Avec ces ordinateurs, le graphisme fit un pas de géant et la voie fut ouverte pour la PAO, la vidéo et le multimédia en général. Dans le même temps furent créées les premières images de synthèse et les premiers films d’animation en numérique.

Suivirent alors les processeurs de la série x86 qui sont toujours aujourd’hui développés. Du monocœur nous sommes passés au multicœur, avec des capacités de calcul toujours plus élevées. Nous approchons cependant progressivement de la limite des technologies du silicium, et d’autres matériaux sont à l’étude, comme les nanotubes de carbone ou le disulfure de molybdène.

Enfin de grands espoirs sont attendus avec l’informatique quantique qui permet de réaliser en 3 minutes un calcul qui prend 10 000 ans à un supercalculateur classique. La voie est donc ouverte à de grandes possibilités

Blade runner et les éventualités du futur

(PDF)

C’est en 1982 que sort le film Blade runner, inspiré d’un roman de Philip K. Dick intitulé : « Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? » Le réalisateur Ridley Scott situe l’action des personnages à Los Angeles en 2019. Et ce qu’il est intéressant de remarquer, c’est que ce film traitant d’individus en quelque sorte clonés a été réalisé avant que la première brebis Dolly soit clonée en 1996. Depuis cette brebis, une palanquée de films ayant pour thème le clonage sont sortis au cinéma. Si Blade runner a eu du mal à intéresser le public, c’est probablement parce que ce qui est traité est encore un sujet nouveau pour les cinéphiles. Certains ont qualifié ce film de « cyberpunk », alors qu’en 1982 naissaient à peine les premiers micro-ordinateurs. Nous ne voyons pas en quoi ce film est représentatif d’un quelconque « cyber ». Il est plutôt question de biologie, de génomique et de tout ce qui concerne le vivant. Et lorsque fut cloné le premier animal en 1996, beaucoup de gens allèrent ensuite voir au cinéma Blade runner. Ce que le public avait entendu dire de cette fiction par le bouche-à-oreille prenait un visage différent en voyant à la TV la brebis clonée Dolly. La science-fiction, que beaucoup considèrent comme étant fumeuse, trouvait soudain un point d’appui scientifique avec ce clonage de brebis. La mauvaise réception du film a donc été rattrapée une dizaine d’années plus tard. Des fans demandèrent même qu’une suite soit produite. Ce qui fut réalisé.

Mais regardons d’un peu plus près la composition de ce film. L’action se passe donc à Los Angeles en 2019, et six réplicants viennent de s’échapper d’un vaisseau et regagnent la Terre. Ces réplicants sont des copies d’humain ayant une durée de vie de quatre ans seulement, ceci afin qu’ils ne deviennent pas trop humains par l’apprentissage. Un blade runner est alors chargé de « retirer » du circuit ces réplicants.

Ce qu’il est important de remarquer est que les blade runner fonctionnent comme une sorte de service de « dépannage » en cas de défaillance des réplicants. Lorsqu’un réplicant ne fonctionne plus, on le « retire ». Seulement ce retrait n’est pas sans conséquences directes et indirectes. Cependant cela semble dans le film une méthode bien rodée qui fait partie de la routine des blade runner.

Si ces copies d’humains n’ont quasiment pas d’affectivité, il y a toutefois une exception avec la réplicante Rachel qui semble éprouver des sentiments à l’égard de Rick Deckard puisqu’elle lui sauve la vie en tuant un autre réplicant. De plus le réplicant Roy Batty a pour petite amie la réplicante Pris, ce qui montre que leur concepteur n’avait pas tout prévu.

A l’heure où l’on parle d’homme augmenté et de transhumanisme, les questions que soulève ce film sont plus que jamais d’actualité. L’éthique semble nous dire que nous n’arriverons jamais au stade des réplicants et que nous en resterons au développement de robots électromécaniques. En effet, avec ces derniers, il y a très peu de chances qu’une rébellion contre les humains se produise.

Pendant que l’on joue à modifier le génome des plantes et des animaux, le film Blade runner nous fait prendre conscience qu’on ne peut pas manipuler sans conséquences le vivant. Car modifier la nature revient en bout de chaîne à modifier l’humain. Et personne ne sait si les répercussions de ces modifications seront négatives ou positives pour le devenir de l’espèce humaine.

Pour le moment, le mieux que l’on puisse imaginer comme auxiliaire de l’homme est le robot biologique. Et c’est cette sorte d’auxiliaire que nous trouvons dans Blade runner. Même les animaux comme les serpents sont des animaux de synthèse. Dans le film, tout le règne du vivant semble avoir été modifié au profit de l’homme. D’autre part, les réplicants sont doués de facultés physiques supérieures à l’homme, ce qui les rend dangereux dans le cas de comportements imprévisibles. De plus, le fait qu’ils soient une parfaite copie de l’homme finit par jeter un trouble sur l’identité de tout le monde. Ceci se produit dans le film mais pourrait très bien se produire également dans la réalité si de semblables êtres étaient créés, nous propulsant ainsi dans « la vallée de l’étrange ». Car pour le moment, l’homme n’a jamais été confronté à une intelligence artificielle digne de ce nom. Car une IA réellement intelligente est un système qui accède à l’autonomie. Or pour le moment cette autonomie est très loin d’être atteinte. Aussi est-ce un abus de langage que de parler « d’intelligence » artificielle.

Dans le film Blade runner, les réplicants sont toutefois réellement intelligents. Ils ont une durée de vie très courte, certes, mais ils possèdent la plupart des caractéristiques humaines, si ce n’est qu’ils ne peuvent pas se reproduire. Et encore, ce fait est-il contredit par la suite de Blade runner , dans l’épisode 2. A vouloir copier l’humain trop parfaitement, le concepteur semble avoir omis cette éventualité.

Ceci nous donne à réfléchir sur l’évolution des manipulations génétiques à venir. Nous pensons qu’avant de vouloir modifier la moindre chose dans la génétique, il serait préférable d’abord de bien comprendre les mécanismes du vivant. Sinon, à plus ou moins longue échéance, nous devrons à notre tour devenir des blade runner

Interculturalité et proxémie

(PDF)

Le comportement de chacun nous apparaît au quotidien comme allant de soi et surtout comme étant universel. Or il n’est rien de plus erroné que cette croyance en l’universel. En effet chaque culture possède ses codes, et dans ceux-ci nous allons nous intéresser plus particulièrement à la gestion de l’espace.

Nous utiliserons pour ce faire les travaux de Edward T. Hall qui, dans ce domaine, ont apporté des théories originales. L’auteur s’est intéressé à l’éthologie animale et humaine car ces deux domaines sont complémentaires. Nous porterons notre attention plus particulièrement sur son ouvrage intitulé dans la traduction française : La dimension cachée, publié aux éditions du Seuil.

Même si le contexte lié à l’époque a un peu changé, les théories sur la proxémie restent toujours valables à notre époque actuelle. Nous laisserons volontairement de côté ses études sur l’éthologie animale pour nous concentrer sur tout ce qui relève de l’humain.

Hall est un fin observateur et c’est ainsi qu’il réussit à théoriser les distances entre les individus. Après quelques expérimentations avec un collaborateur linguiste, il en arrive à déduire les quatre principales distances dans la communication humaine. Il les nomme :

– distance intime ;

– distance personnelle ;

– distance sociale ;

– distance publique.

Ces différentes distances ont été élaborées à partir de la manière dont on communique oralement. Cela va du chuchotement à la performance du comédien de théâtre. Toutefois il n’y a pas que l’oralité qui entre en ligne de compte, même si celle-ci est très importante. Il y a également l’importance du champ visuel ainsi que l’olfaction. Ces diverses théories ont été élaborées à partir de l’expérience et l’expérimentation. Ceci a son importance pour montrer que ses propos puisent leurs sources dans une pratique de terrain.

Porte ouverte ou porte fermée

La proxémie ne s’intéresse pas seulement aux distances entre les individus mais aussi à tout ce qui est en rapport avec la gestion de l’espace humain. Et toute architecture comporte ce que l’on peut appeler au sens large des portes. Et selon les cultures les portes sont fermées ou ouvertes selon certaines circonstances, et même parfois un simple rideau fait usage de porte.

Hall a constaté qu’en Amérique du nord, lorsque les gens sont disponibles, ils laissent la porte entrouverte. Pour un américain une porte non fermée ne dérange pas, alors qu’en Allemagne tout doit être soigneusement fermé et les chaises doivent rester à leur place. Ainsi l’espace social et architectural est traité de différentes façons selon les cultures. Ces différences créent parfois des malentendus lorsque des hommes entrent en contact.

On remarque par exemple que dans certaines cultures orientales le rideau remplace la porte. Il n’y a donc plus d’isolation phonique mais une communication « permanente » où chacun entend ce que fait et dit l’autre. La notion d’intimité n’a donc rien d’universel et diffère selon les cultures, tout comme la mobilité des meubles dans un appartement ainsi que nous le montre la culture japonaise.

Les cultures à contact et celles sans contact

Comme l’a remarqué Hall, Il y a aussi bien chez les animaux que chez les hommes, des cultures à contact et des cultures sans contact. L’entassement est le fait de certaines cultures alors que d’autres conservent leurs distances. Par exemple un anglais se sent très mal à l’aise dans un métro japonais où les passagers sont entassés. On peut dire que les orientaux possèdent plus des cultures à contact que les occidentaux. Les orientaux s’agglutinent plus entre eux, sans craindre de se toucher.

En prenant des photographies d’une file d’attente dans différents pays, on s’aperçoit rapidement que les distances entre les individus varient fortement selon les cultures. Ce qui crée souvent des tensions lorsque des personnes de diverses origines se rencontrent, par exemple dans un lieu public.

En France à peine frôle-t-on une personne que nous nous excusons immédiatement. Dans d’autres cultures, comme celles des pays africains, frôler une personne n’a pas les mêmes répercussions dans le comportement.

L’avenir de la proxémie

Il y a de nombreux anthropologues qui ont pris conscience du rôle de l’espace dans le comportement humain. Toutefois Hall est un auteur important dans la théorisation de cet espace. Il nous parle notamment de l’importance de l’espace dans les projets urbains. Trop de villes ont été bâties sans se soucier de la manière dont les habitants occupent l’espace. C’est le cas par exemple des grands ensembles que l’on qualifie de « cages à lapins » ou de « villes-dortoirs ». De plus la culture des habitants n’a pas été prise en compte. Une personne de culture nomade ne restera pas dans un appartement, aussi grand soit-il. Ceci est un exemple parmi d’autres.

Il reste donc de nombreuses questions à résoudre, et le travail des anthropologues et des sociologues est très loin d’être complet