A pas feutrés, le printemps amène ses premiers chants d’oiseaux dans la capitale. Chaque année, à la même période, mon être se gonfle d’espoirs. La vie demeure la même et cependant des éventails de possibilités germent dans ma conscience.
Bien qu’étant adulte, je pense à chaque printemps aux joies de l’enfance, où jouer m’importait plus que de travailler à l’école. Jouer aux billes, goûter, être amoureux de ma camarade de classe, et n’entrevoir de l’avenir qu’un monde coloré et enchanteur. Voilà ce qui m’habite lorsque, chaque année, apparaissent les premiers bourgeons sur les arbres encore endormis par l’hiver. Quand les premiers rayons chauds du soleil inondent la ville et que le ciel m’apparaît soudain très haut, j’oublie toutes les idées sombres qui souvent m’assaillent durant une bonne partie de l’année. Non pas que je sois spécialement lugubre ou taciturne. Je suis seulement lucide. « Il ne faut pas trop rechercher la lucidité », me disait un médecin lors d’une discussion. Malheureusement je ne puis m’empêcher de voir ce que je vois ou d’entendre ce que j’entends. Pourtant, lorsque je regarde une fleur, je sens comme un flux de vie me traverser. Et c’est ce qui se produit en ce début de printemps quand je vais par exemple me promener au jardin des plantes ou du Luxembourg. Des bouffées d’enfance remontent à la surface de ma conscience et je perçois le monde alors tel qu’il devrait être. Bien sûr, ce n’est là qu’illusions et cependant je me prends au jeu tellement la sensation est douce et agréable. Mais à peine vois-je un couple se disputer dans une allée fleurie que déjà je sombre à nouveau dans le réel rugueux. L’homme ne passe son temps qu’à faire la guerre. Guerre froide, guerre économique, guerre amoureuse, toutes les déclinaisons existent. Bien qu’ayant troqué mes jouets d’enfance contre une épaisse armure pour combattre, lorsque le printemps arrive, je laisse ma protection de guerrier au placard. Lorsque s’épanouissent les premières violettes, la paix semble être revenue sur la terre. Malheureusement je sais que ce n’est là que miroir aux alouettes. J’aime cependant ces images reflétées qui m’aident à vivre. Toujours chercher la vérité rend la vie impossible à vivre. Que le quotidien serait morne sans l’étincelle de la rêverie.
Lorsque le printemps montre son visage, toutes les impossibilités, tous les paradoxes, tous les échecs passés, toutes ces choses qui donnent un goût amer à la vie s’évaporent comme une rosée sous le soleil. Je suis alors pris d’un optimisme sans limite, tel un enfant faisant de brillants projets sur son avenir. De l’incohérence de l’existence se dégage alors un sens. Une sorte d’ordre apparaît dans le désordre de la vie. J’imagine chez autrui des qualités qui n’existent peut-être pas. De la monstruosité humaine je n’aperçois que les brefs éclairs de la gentillesse. Tout bascule et j’accède à une autre réalité du monde. Mon esprit foisonne d’impossibles équations qui ont soudain une solution. Je découvre le monde comme un navigateur découvre une île inexplorée recelant des merveilles naturelles.
Six mois avec le printemps et l’été. Six mois pour oublier les six autres mois de l’année.
© 2000 Serge Muscat .
Júlia Aguiar comentou em 10 de novembro de 2011 às 03:55. Oi JÃlºaƒiÂSou mt sua fã, aprendi mt coisa vendo seus videos.Mas estou com uma duvida, tenho cabelo de piupiu igual vc e ate já encontrei uns sites que estão vendendo o pó da osis a uns 35reais (bem em conta, só estava achando a 52) mas queria saber se shampoo seco de aerosol também serve pra dar volume ou apenas pra tirar oleosidade