« LES SECRETS DE FAMILLE DE L’UNIVERSITÉ » de Judith Lazar

Dans son ouvrage, la sociologue Judith Lazar nous décrit les fonctionnements internes de l’énorme machine qu’est l’université, en mettant au grand jour ce qu’une partie de la population ne perçoit pas rapidement au premier abord.

En effet, l’auteur nous montre qu’au sein de cette institution règne une multitude de conflits à l’image de ceux que l’on rencontre dans les autres strates de la société. Toutefois, ce que nous ne comprenons pas très bien, c’est pourquoi elle prend la peine de dénoncer les dysfonctionnements de cet univers. Car de nombreux étudiants de premier cycle assez clairvoyants sont déjà en mesure de comprendre ce qui se déroule dans un établissement universitaire, avant même d’avoir pour projet de devenir enseignant.

L’université étant composée d’individus inclus dans la société, il nous parait quelque peu naïf de penser que son fonctionnement diffère du social dans son ensemble. Cependant, ces propos ayant la coloration d’un règlement de compte ont néanmoins le mérite de montrer au lecteur que la science et les institutions qui la fabriquent sont loin d’être épargnées par les passions humaines.

Comme dans toute organisation, l’université est le siège de conflits divers et d’affrontements idéologiques. Et il est illusoire de penser que les enseignants ont à l’égard de leurs pairs une empathie sans fêlures.

Les difficultés rencontrées par la sociologue ne sont en rien un cas isolé. Avant même d’être confronté au CNU, des problèmes identiques se retrouvent lors de l’orientation des élèves et des étudiants, notamment lors de la délivrance des diplômes. Dans ce domaine, il n’existe pas d’objectivité totale, et les individus sont livrés au bon vouloir des enseignants. Car comment être objectif lorsqu’il s’agit « d’apprécier » par exemple le contenu d’une dissertation philosophique ? Nous savons très bien que selon les options philosophiques de la personne qui corrige les épreuves, le devoir sera noté avec de grandes fluctuations.

Le livre de Judith Lazar est donc représentatif d’une problématique que l’on retrouve dans toutes les organisations sociales, et pas seulement au sein de l’université et de l’école en général.

Cet ouvrage a au moins le mérite de faire prendre conscience aux étudiants que l’université n’est en rien, comme on le dit trop souvent, une tour d’ivoire coupée de la société ■

© Serge Muscat 2005.

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