L’homme moderne est entouré de commutateurs, de boutons qui chacun déclenche quelque chose. Il n’est pas rare que l’individu appuie sur la totalité de ces boutons pour tout déclencher en même temps. Ainsi la télévision peut fonctionner avec la radio tout en jouant avec un jeu sur ordinateur pendant que le téléphone sonne. Époque de dispersion, il devient impossible de se concentrer sur une tache pour la mener à bien. De partout nous sommes interpellés pour connaître nos opinions, pour nous conseiller d’acheter tel ou tel produit, et le vendeur de volets nous appelle au téléphone pour nous proposer ce qui se fait de mieux en matière de nouvelle technologie.
Nous sommes sans repos et au bord de la dépression. Nous voudrions « tout débrancher » comme le dit une chanson populaire, mais nous avons peur de nous couper du monde. Pourtant, le simple fait de s’allonger, de fermer les yeux, de faire durant l’espace de quelques instants un retour sur soi, de faire une petite sieste sur notre lieu de travail comme cela se pratique dans certains pays, résoudrait bien des problèmes.
Le canapé devrait être l’objet le plus généralisé en entreprise et surtout dans nos usines. Faire une pause, ne serait-ce que de dix minutes pour se recentrer, pour retrouver l’unité avec soi-même. Les machines inventées par l’homme ne sont pas à sa mesure. Trop rapides pour la lenteur de l’humain, ce dernier passe son temps à courir après des mécaniques devenues incontrôlables. Il devient nécessaire de ralentir, de prendre le temps de respirer, de marcher d’un pas plus lent… et de faire un instant le vide dans son esprit. Apprendre à être à l’écoute de soi-même et ne plus succomber aux injonctions des écrans qui se multiplient dans notre société. Les écrans ont remplacé les anciens formulaires de la toute puissante bureaucratie. Désormais il y a de plus en plus d’écrans en même temps que les boites aux lettres se vident. Et ces écrans ne nous laissent pas de repos. Allongeons-nous un instant et faisons une sieste réparatrice tout en faisant le vide…
© Serge Muscat – Janvier 2016.