Il y a encore peu de temps la géographie et la science de l’espace avaient un sens. On pouvait repérer géographiquement un objet qui avait une place bien précise. A présent tout devient mobile dans un désordre indescriptible. Nous ne savons plus où nous sommes. Impossible de localiser quelque chose dans cet univers du mouvement perpétuel. Nous sommes totalement perdus. Téléphones mobiles, ordinateurs mobiles, tout devient mobile. Cette surenchère de la mobilité rend la vie impossible à vivre. Une personne vous téléphone sans que vous sachiez où elle se trouve. Plus d’ancrage, plus de solidité d’un lieu précis, d’un endroit exact. Tout sombre dans le néant de la mouvance. Ça bouge sans cesse dans la nuit de la mobilité. Nous voici redevenus nomades comme les peuples primitifs. Bardés de technologie, nous ne tenons plus en place. Nous avons perdu la sagesse de l’arbre centenaire. Les trains et les avions s’agitent dans une frénésie du toujours plus vite et toujours plus loin. Des quantités démesurées d’énergie sont gaspillées pour se déplacer sans cesse et revenir au point de départ. Illusion de l’ailleurs lorsqu’on n’est pas en paix avec soi-même.
Le téléphone mobile donc. Pollution de la vie quotidienne par ce petit rectangle bourré d’électronique. Invention malfaisante qui détruit la sociabilité sans en prendre réellement conscience. Nous devenons abrutis par ce téléphone portable qui voudrait remplacer les anciens médias. Poison de la vie en société, les constructeurs de téléphones voudraient nous faire croire que cet objet est indispensable. Or il ne l’est nullement. Surtout les smartphones avec Internet qui sont des objets totalement inutiles. Monde de surconsommation où l’on se perd dans la futilité des gadgets toujours plus proliférants au lieu de réfléchir aux sciences fondamentales qui déclinent en même temps que la technique prospère. Société où l’ingénieur est roi et où tout se transforme en ingénierie : ingénieur d’affaires, ingénierie de la connaissance, bientôt l’ingénierie de la philosophie ! Tout ce monde obsédé par la performance technique ne pense pas et ne sait pas où il va. La seule chose qui importe est le toujours plus sans même réfléchir à quoi mène ce toujours plus.