Il passait très souvent dans ma rue. Ce « il » est Tzvetan Todorov. C’était un homme calme qui ne faisait pas du karaté comme certains enseignants dont on se demande bien ce qu’ils font dans l’enseignement supérieur, sinon polluer l’esprit des étudiants.
Ayant lu presque tous ses livres, je ne voyais cependant pas dans sa lente démarche la passion que l’on trouvait dans ses ouvrages. Son visage était comme éteint à toute stimulation extérieure. C’est bien souvent le propre des écrivains que de ne plus vivre qu’au travers de leurs livres.
Puis, en l’espace de quelques mois, toujours en le croisant dans ma rue, j’ai vu Tzvetan Todorov décliner, dépérir, se plier en deux comme un homme qui n’arrive plus à porter son propre poids. Juste avant qu’il décède, je l’ai croisé une dernière fois. Il marchait avec une canne, accompagné d’une personne qui lui tenait le bras.
Quelques semaines plus tard, j’ai appris par le biais de France Culture que Tzvetan Todorov était mort.