Les hommes et les animaux ont toujours combattu pour un territoire. Cela fait partie de l’instinct du vivant. Aussi lorsque je parcours la ville pour me rendre à un endroit, lorsque je prends par exemple le bus, je perçois cette notion de territoire chez les personnes qui montent et descendent.
Le regard posé sur les gens est imprégné de cette géographie. Chacun cherche à savoir quel est le territoire d’autrui, bien que cela soit difficile à déterminer. Et tel un chien qui grogne pour défendre sa niche, nous grognons intérieurement lorsque nous supposons qu’un individu est d’un autre territoire que le nôtre. Et c’est de cet instinct que proviennent de nombreux malentendus.
Un bus qui traverse une grande ville opère chez les voyageurs un mélange de curiosité et de déchirements intérieurs. Nous traversons une multitude de territoires, et chaque personne qui monte dans le bus semble appartenir à une petite portion de la ville. Émerveillement ? Crainte ? C’est un peu tout cela à la fois. Nous faisons de la géographie humaine sans en prendre conscience.
Comme cela serait agréable si tout le monde prenait le même bus en descendant tous au même arrêt. Il n’y aurait plus de conflits et la géographie ne servirait plus à faire la guerre. Malheureusement notre condition de terrien nous oblige à suivre toujours plus de chemins et à traverser des territoires défendus avec âpreté par ses occupants.