Et ce temps qui ne semble pas passer, dans la fulgurance de la brièveté d’une vie. Nous flottons dans la subjectivité sans jamais découvrir la réalité. Comment ne pas être écartelé dans cette élasticité de l’instant.
La nuit remue, comme disait Henri Michaux. Ça tangue tel un navire devenu fou dans la tempête. Passage du désespoir à l’espoir, dans un va-et-vient incessant, noyé dans un monde peuplé d’ordinateurs. Dans la forêt des réseaux nous cherchons vainement un sens à l’existence ; sens qui se dérobe à la moindre de nos actions quotidiennes. Ces petits riens qui nous aident à vivre, pour nous dire enfin : « ce n’était donc que cela ! »
Alors on redemande un peu de temps en suppliant la Grande Horloge de nous épargner encore pour un jour. Il nous reste à réaliser toutes ces petites choses qui donnent un peu de piquant à la vie. L’incessant appel du progrès nous intime de ne pas baisser les bras, d’aller toujours de l’avant. Personne ne sait ce qu’il y a au bout du chemin, mais nous avançons tout de même avec espoir.
Les ingénieurs conçoivent des machines démesurées, en essayant de palier à notre fragilité. On souhaiterait rallonger ce temps que la biologie nous impose. Mais nos jeunes années d’étudiant reculent comme l’horizon. Nous tous, chercheurs qui nous demandons ce que nous faisons ici. Comment la longueur d’une année peut-elle être aussi courte dans un simple souvenir ? Le passé se contracte et quant au futur, il est informe et incertain. Toujours cette sensation de vivre les mêmes choses malgré nos prouesses technologiques. L’éternel recommencement avec nos smartphones de plus en plus intelligents. Peut-être un jour ces rectangles bourrés d’électronique répondront-ils à la question : « que dois-je faire de ma vie ? »
En attendant, le soleil va se lever avec la promesse de ne pas répéter la journée d’hier.
© Serge Muscat – Septembre 2020.