Le monde du silence

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Cette image d’un lieu dont tout le monde connaît le nom mais dont personne ne sait ce qui s’y passe est l’hôpital Sainte-Anne. Étrange endroit où les personnes qui y séjournent passent bien souvent leur temps à déambuler sous les effets des médicaments qu’on leur prescrit. C’est ici que des médecins tentent de réparer des esprits qu’ils pensent défaillants. Sont caractère désertique laisse à penser que l’on doit s’y reposer dans un calme serein. Ce calme n’est cependant qu’un silence, l’interminable silence de ces médecins qui parlent très peu en ne faisant que griffonner des prescriptions pharmacologiques. Ici s’opère l’étrange ballet des ordonnances et des suites interminables de comprimés et de gouttes que les patients doivent avaler. Temple de la chimie et des molécules complexes où les individus n’ouvrent la bouche que pour absorber, sans avoir le droit de dire quelque chose, ces mystérieuses substances aux noms alambiqués et tortueux à faire pâlir les linguistes.

Après une durée plus ou moins longue de ce qu’ils appellent des « traitements », ces médicaments « miraculeux » sont censés opérer une transformation radicale des individus, et ce sans avoir réellement discuté avec eux. Pour ces médecins l’homme est une machine biochimique dont les apparents dysfonctionnements sont résolus coups de d’atomes d’oxygène, d’hydrogène, de fer et d’autres éléments du tableau de Mendeleïev. Pure mirage puisque la plupart n’ont aucun dysfonctionnement organique et physiologique. Triomphe d’un néopositivisme qui leur fait croire que tout est matière et rien de plus, en plaçant la physique tout en haut de la pyramide des connaissances. Personne n’est épargné en ce lieu : tout le monde, sans exception, a droit à son gramme de matière distribué de force sous toutes les formes imaginables : comprimés, gouttes, injections. Garage humain où les individus sont réparés telle une vulgaire automobile dans laquelle on met un peu « d’huile » pour ne pas que « ça grince ». Quant au reste, ça leur est totalement indifférent. Ces médecins ne veulent rien savoir de la vie de ces personnes, de leur famille, de leurs amis, de leur vie professionnelle et de bien d’autres choses encore. La « potion » résoudra tout car vous n’êtes que matière. Les individus qui ont fini leur séjour ressortent en tremblant tellement ils ont pris de molécules miracles et en n’ayant pour seul dialogue avec ces médecins un : « Vous sortirez demain » et pas plus. En sortant certains veulent suivre des cours de chimie et devenir chimistes pour percer les secrets de la matière ! J’ironise bien entendu, mais je ne suis pas très loin de la vérité. On se sait pas grand chose sur l’homme et probablement dans quelques siècles ces médecins n’apparaîtrons dans les livres d’histoire, ou ce qui servira de livres, comme étant de sombres ignorants qui ont fait souffrir des milliers de gens. Voilà ce que représente cette photographie prise par une personne en parfaite lucidité et sans le moindre dysfonctionnement physiologique. Image où il y a un cercle sombre », pour indiquer que l’individu perçoit ce lieu comme dans un rêve, avec cette seule différence que le rêve est ici une de ses variantes qui est celle du cauchemar.

Copyright Serge Muscat - Octobre 2025.

TNT (Poème télévisé)

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Un cyclone s’est abattu sur la Floride, de grosses pluies provoquent des inondations dans le sud de la France, un raz de marée a dévasté plusieurs îles du Pacifique, le Premier ministre a souhaité s’entretenir avec son homologue allemand, les nombreux départs en vacances rendent la circulation automobile difficile, un nouvel attentat a fait cinq morts et quinze blessés, la vague de froid frappe les plus démunis, le procès de la star du rock s’ouvre aujourd’hui, cette semaine il y aura des précipitations sur toute la France, il ne vous reste que cinq jours pour envoyer votre déclaration de revenus, le Président de la République poursuit sa visite en Chine, un camion est sorti de la chaussée faisant trois morts et cinq blessés, l’équipe de France gagne trois à zéro, un foyer d’hébergement est ouvert aux sans abri, l’alcool au volant provoque plusieurs milliers de morts par an, les prochaines récoltes seront compromises à cause de la sécheresse, un nouvel attentat a fait huit morts et trente blessés, le ministre de l’Économie se rendra cette semaine à Bruxelles, il n’a pas fait aussi froid depuis quarante ans, un wagon a déraillé faisant trente morts et cent blessés, la grève des employés bloque une bonne partie des autoroutes, le constructeur automobile présente son nouveau modèle fabriqué pour le moment à cinquante exemplaires, les salariés revendiquent une hausse de leur pouvoir d’achat, il n’existe pas de preuve pouvant compromettre la star du rock, le lancement de la Télévision Numérique Terrestre sera effectif à partir de la semaine prochaine.

© Serge Muscat 2010.

Marie-Claire et la toupie

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La toupie est un objet curieux et étrange. Elle a besoin pour se maintenir sur le point de contact de son axe en équilibre, de tourner à une vitesse minimum. Et c’est ce mouvement qui lui permet de conserver une stabilité tout en étant statique. Lorsque j’étais enfant, les toupies me fascinaient. Ne connaissant pas encore les lois de la physique qui permettaient à ces toupies de conserver l’équilibre sur leur axe en tournant, je voyais dans cet objet un peu la préfiguration de ma propre physique, c’est-à-dire d’avoir le besoin de tourner pour conserver un certain équilibre et rester statique. A présent je ne fais plus tourner les toupies en cherchant à comprendre quel est leur fonctionnement. Et j’ai trouvé une femme qui produit ce mouvement dont j’ai besoin, comme la toupie, et qui me permet de conserver mon équilibre sur cet axe que constituent mes deux jambes. Ce mouvement dont j’ai besoin s’est métamorphosé en un autre mouvement, celui que produit cette femme sur mon être. Car elle est ce mouvement qui me donne mon équilibre, comme celui de la rotation de la toupie. Et elle m’aide à rester droit et ne pas me coucher sur le côté, inerte, sans mouvement et sans vie. Car elle me fait perpétuellement tourner la tête, dans une sorte de mouvement rapide et continu, et qui ne s’arrêtera probablement pas tant que je serai en vie.

Serge Muscat – août 2025.

Histoire des microprocesseurs et de ses défis

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C’est en 1947 que fut inventé le premier transistor par les Laboratoires Bell. Personne ne se doutait encore que cette invention allait devenir capitale pour les progrès de l’informatique et le confort de notre vie quotidienne. Puis, de miniaturisation en miniaturisation, Intel crée en 1971 le premier microprocesseur, le 4004. C’est un microprocesseur de 4 bits qui permet le lancement des premiers micro-ordinateurs.

Très rapidement fut conçu un microprocesseur à 8 bits, le 8008, toujours par la société Intel, qui est au départ utilisé pour fabriquer des contrôleurs graphiques. Ce microprocesseur fut utilisé par la suite à un usage général. L’explosion de la micro-informatique est réalisée avec l’arrivée de deux microprocesseurs, le Z80 de Zilog et le 8080 de chez Intel. Avec le Z80 naissent les premiers ordinateurs grand public de marque Amstrad qui furent un véritable coup de tonnerre dans le monde de l’informatique individuelle. Pour la première fois, l’ordinateur entrait dans les foyers et pouvait être utilisé par toute la famille, et ceci à un prix abordable. Dès lors, l’informatique n’était plus réservée aux professionnels, et nombreux étaient ceux qui s’adonnaient à la programmation en langage BASIC durant les loisirs.

A partir de ce moment, l’ordinateur eut la même place que celle de la radio ou de la télévision. Ce fut le début de la numérisation généralisée de la société, avec ses joies et ses déboires. Dans la foulée, la société MOS Technologie fabriqua le processeur 6502 qui était utilisé par les Apple II, les Commodore PET et 64 ainsi que les consoles Atari. Ce processeur était très économique et possédait de bonnes performances par rapport à ses concurrents. Il permit en outre à Apple de prendre son essor dans le monde de la micro-informatique.

Peu après, chez Motorola sortit le processeur 68000 qui eut un franc succès puisqu’il équipait les premiers Macintosh ainsi que les Atari ST et les Commodore Amiga. Avec ces ordinateurs, le graphisme fit un pas de géant et la voie fut ouverte pour la PAO, la vidéo et le multimédia en général. Dans le même temps furent créées les premières images de synthèse et les premiers films d’animation en numérique. Suivirent alors les processeurs de la série x86 qui sont toujours aujourd’hui développés. Du monocœur nous sommes passés au multicœur, avec des capacités de calcul toujours plus élevées. Nous approchons cependant progressivement de la limite des technologies du silicium, et d’autres matériaux sont à l’étude, comme les nanotubes de carbone ou le disulfure de molybdène.

Enfin de grands espoirs sont attendus avec l’informatique quantique qui permet de réaliser en 3 minutes un calcul qui prend 10 000 ans à un supercalculateur classique. La voie est donc ouverte à de grandes possibilités ●