Pourquoi le logiciel libre est-il plus performant que le logiciel à brevets.

Le logiciel libre, comme GNU/Linux, est bien plus performant qu’un logiciel privateur comme Windows (reposant sur des brevets) pour la simple raison qu’il est justement libre, c’est-à-dire que sa licence est libre. Le système du brevet n’est qu’une façon parmi d’autres pour financer les créateurs de logiciels. Or la licence libre autorise à tout le monde d’obtenir le code source d’un logiciel, de le modifier et de le redistribuer, et donc aussi de le faire évoluer. Dans ce processus intervient immédiatement la question de savoir comment rémunérer les développeurs, puisque leurs créations ne sont pas brevetées, le brevet permettant une rémunération et une exclusivité sur le logiciel. C’est bien là l’épineux problème soulevé par le logiciel libre, le problème de son économie. C’est une question que n’entrevoie pas immédiatement l’utilisateur de logiciels libres. Pour lui, bien souvent, c’est un « logiciel gratuit ». Or il y a des logiciels gratuits qui ne sont pas libres. C’est même ce qui oriente son choix vers un logiciel libre : le fait qu’il soit gratuit. Il ne perçoit pas l’économie qu’il y a derrière. Je ne vais pas faire un exposé sur les théories économiques car ça nous mènerait bien trop loin. Cependant il est utile de remarquer que le logiciel libre repose sur une économie particulière qui est totalement différente de celle du logiciel privateur. Et cette économie repose sur le don. Même lorsqu’un développeur fait évoluer un programme sans ne rien demander en retour, il n’empêche qu’il est lui aussi inscrit dans un système économique: il fait cette activité durant son temps libre qui est limité, mais il a également un métier, a des factures à payer, bref, il est inscrit dans un système économique. Toute activité humaine fait intervenir l’économique. Et s’il réussi à obtenir une aide financière pour le travail qu’il fait, ça ne fera que l’aider à mieux travailler pour le développement de ces logiciels. Les logiciels libres ne peuvent pas se développer dans la longue durée sans le système de dons. Ceci n’est la plupart du temps pas parfaitement clair pour l’utilisateur de logiciels libres qui pense, comme le mettent en avant certains médias, que le logiciel libre est gratuit. Or la liberté a également un coût. Pour maintenir la liberté du logiciel, il faut également participer économiquement au maintient de cette liberté. Pour que les logiciels soient libres et n’appartiennent pas à une entreprise privée quelconque, il faut également soutenir économiquement les développeurs, les associations et les fondations qui produisent ces logiciels libres. Et les associations et les fondations ne sont pas à but lucratif. Ce qui n’est pas immédiatement perçu par pas mal de gens. Elles n’ont pas pour but premier de faire du profit et d’enrichir quelques personnes, comme c’était le cas avec Bill Gates lorsqu’il a fondé l’entreprise Microsoft. Lorsqu’une personne fait un don à une association ou à une fondation, cet argent est redistribué d’une manière bien différente de celle faite dans une entreprise privée qui est à but lucratif. Pour en prendre pleinement conscience dans toutes les dimensions, il faut avoir quelques connaissances sur la constitution juridique d’une association ou d’une fondation par rapport à la constitution juridique d’une entreprise à but lucratif. Or tout le monde n’a pas encore clairement ces connaissances. Ils savent qu’une association est de la loi 1901 et qu’elle est à but non lucratif, mais ça ne va pas plus loin. Ils ne voient pas en fait pourquoi elle est dite à but non lucratif. Certains ne savent par exemple pas faire la différence entre une SARL et une SA ou une coopérative. Sans m’attarder sur ce sujet pourtant très important, il est donc nécessaire de prendre conscience, pour tout nouvel utilisateur de logiciels libres, que l’existence de ces derniers repose sur les dons que chacun fait à ces associations et ces fondations qui produisent ces logiciels libres, et donc sans la restriction des systèmes de brevets qui fait que les logiciels appartiennent à une entreprise privée bien particulière dont, au final, l’utilisateur dépend.

J’espère que ces quelques explications auront apporté un éclairage sur le logiciel libre et son mode d’existence, et donc, de son économie et de son financement. Économie qui est par ailleurs plus vertueuse que celle basée sur le profit car elle repose sur le bien-être du plus grands nombre alors que l’économie du profit repose sur la richesse de quelques uns qui imposent leur loi au plus grand nombre, comme l’a fait Bill Gates avec Microsoft en imposant Windows dans tous les ordinateurs achetés, c’est-à-dire en pratiquant la vente forcée.

Avec Microsoft, la première dose est gratuite…

C’est sur la naïveté et l’ignorance de l’utilisateur que repose le succès de Bill Gates. Cette ignorance est légitime étant donné que l’informatique n’est que très peu enseignée dans l’enseignement secondaire. Nous entendons par enseignement les principes fondamentaux de la programmation informatique. Microsoft utilise cette ignorance de la population pour régner en maître sur la vente de ses logiciels. Les plus inconditionnels des produits Microsoft étant aussi bien souvent ceux qui connaissent le moins de choses en informatique. Pour eux, ils cliquent sur une icône et ça fonctionne ; cela ne va pas plus loin dans leur réflexion. Quant à savoir si c’est un logiciel privateur ou bien un logiciel libre, cela fait partie du dernier de leurs soucis. Et c’est sur ce point principal que joue Microsoft.

Pour l’utilisateur lambda, logiciel libre signifie logiciel gratuit. Ce qui est une double erreur car il y a de nombreux logiciels gratuits qui ne sont pas libres ; et deuxièmement les utilisateurs de logiciels libres font des dons financiers où chacun donne selon son souhait et ses moyens aux développeurs qui réalisent et maintiennent ces logiciels. Malgré les efforts d’information des associations et des fondations qui œuvrent pour le logiciel libre, Microsoft compte bien sur l’ignorance de la population pour pérenniser son empire. Et les établissements d’éducation et de formation « ne donnent pas l’exemple » étant donné que l’Education nationale passe de très gros contrats avec Microsoft pour installer ses produits. Comment, dans ces conditions, faire de la résistance pour accéder à plus de liberté et d’autonomie ? Il ne faut toutefois pas se décourager et livrer sans relâche la guerre contre le logiciel privateur, comme le dit Richard Stallman. Le vent de l’histoire finira bien par tourner

Génération GNU/Linux

Ceux qui ont fait leurs débuts en informatique avec le CP/M, puis MS/DOS pour ensuite passer à la série des Windows sont à l’écart de la nouvelle génération GNU/Linux. Malgré un certain ressentiment à l’égard de la firme de Redmond, ces utilisateurs conservent une certaine nostalgie à l’égard de Microsoft qui a bercé toute leur jeunesse.

Avec Linux il n’en est pas de même, car nous n’avons pas affaire avec la même génération d’individus. Ceux-ci sont quasiment nés avec Internet et les ordinateurs portables. Avides de savoir et de comprendre, la philosophie de l’open source et de la licence GPL les attire tout particulièrement. Ceci par le fait qu’ils peuvent devenir acteurs et créateurs en réalisant ou en améliorant les logiciels, ce qui n’est pas possible avec les logiciels propriétaires. Car le logiciel propriétaire est par nature incestueux et reste fermé aux innovations.

Les 90 000 développeurs de Microsoft sont peu nombreux face aux développeurs sous Linux qui existent dans le monde. De ce fait, la nouvelle génération curieuse de découvertes préfère le foisonnement des logiciels libres au cloisonnement des logiciels propriétaires qui mettent l’individu dans une situation passive. La logique de profit du logiciel propriétaire n’est pas en phase avec le logiciel collaboratif qui fonctionne sous Linux.

Par ailleurs, Linux favorise également les rencontres des utilisateurs par le biais d’organisations de colloques ou plus simplement de manifestations où les gens échangent des procédés qu’ils ont développés en utilisant Linux. Les fameux GUL (Groupes d’Utilisateurs de Linux – ou LUG en anglais) fleurissent un peu partout en permettant une participation active des utilisateurs. Ce qui bien entendu n’existe pas avec les utilisateurs de logiciels propriétaires qui ont tendance à être repliés sur eux-mêmes. Même si Microsoft réussit à passer en force dans les établissements scolaires, il n’empêche que de plus en plus d’écoles équipent leurs salles d’informatique avec Linux.

Qu’en est-il du modèle économique de Linux et du logiciel libre? Linux repose sur une économie de service. Quant aux divers paquets (ou logiciels) qui sont utilisés par Linux, leur économie repose sur le don et la collaboration de programmeurs bénévoles. Progressivement se développe une éthique du don. Les utilisateurs donnent de l’argent pour les logiciels dont ils sont satisfaits et dont ils souhaitent les voir évoluer. Chaque utilisateur ou institution donne selon ses envies et ses moyens. C’est ce qui se passe par exemple avec le développement de l’interface graphique KDE ou celle de GNOME. Il en est de même avec l’encyclopédie en ligne Wikipédia qui est aussi financée par des dons.

Ainsi le modèle économique de Linux et des logiciels libres est-il totalement différent de celui des logiciels propriétaires, ces derniers reposant sur un système de rentes par le biais des brevets. Le logiciel libre participe donc à tout un courant de contestations sur la brevetabilité des productions humaines où des sociétés comme Microsoft fabriquent, selon les propos de Richard Stallman, des menottes numériques. Et le plus dramatique est que la plupart de la population ne prend pas conscience de ce phénomène. Certains vont même jusqu’à qualifier le logiciel libre d’informatique communiste.

L’informatique prenant une place sans cesse croissante dans les activités humaines, les utilisateurs ne veulent plus de logiciels brevetés et bridés. Ils aspirent à une liberté qu’apporte justement Linux et ses logiciels sous licence GPL. D’autre part, le système d’exploitation Linux est incomparablement plus performant que n’importe quelle version de Windows, il est bon ici de le souligner. Et ceci même les utilisateurs débutants l’entrevoient très rapidement.

Pour toutes ces raisons, une génération Linux est en train de naître rapidement, et qui laissera de côté les logiciels de la firme Microsoft

Voici quelques conférences données par Richard Stallman pour expliquer ce qu’est l’informatique libre: 1  3 .

© novembre 2008