Emile Santer s’était réveillé en entendant un drôle de bruit. Cela semblait provenir de la cuisine, comme de l’eau qui coulait. Il se leva du lit et alla voir de plus près ce qui se passait. Il constata en effet qu’il y avait une fuite dans le ballon d’eau chaude. Il se dirigea avec précipitation vers la salle de bain et coupa l’arrivée d’eau. Emile Santer était un étudiant assez pauvre qui étudiait la philosophie en essayant de décrocher une licence, avec l’objectif de devenir enseignant. Les questions que soulevait la philosophie l’intéressaient beaucoup et il souhaitait transmettre à d’autres ces problématiques dont beaucoup restaient sans réponse. Le simple fait d’éveiller des esprits et de les amener à réfléchir demeurait une satisfaction qui lui suffisait. Car selon lui trop d’individus dans le monde social assénaient de fausses vérités juste pour satisfaire leur désir de jouissance, sans même en comprendre les mécanismes. Ainsi beaucoup de pauvres rêvaient par exemple de rouler en Ferrari où d’habiter dans les quartiers riches. Ce n’était pas le cas de tous, bien entendu, mais tout de même une certaine fraction de ces pauvres, sans même réfléchir à ce que cela impliquait. Emile Santer, qui avait longuement réfléchi à toutes ces choses, souhaitait communiquer le fruit de ses réflexions à ses futurs élèves. Ceux-ci en feraient ce qu’ils voudraient et chacun trouverait sa satisfaction comme il l’entendait. Il se disait néanmoins qu’il aurait amené au moins ses élèves à réfléchir sur les motivations de leurs désirs ainsi qu’aux problèmes soulevés par la vie sociale.
Il se souvint qu’il avait conservé un carton publicitaire d’un plombier qui proposait ses services. Il alla à son bureau, prit la publicité et téléphona au plombier. Ce dernier lui dit qu’il serait chez lui dans trente minutes environ.
Une demi heure plus tard, le plombier sonna à sa porte. Il apparut accompagné d’une personne, et entrèrent dans le logement. Ils étaient tous les deux relativement jeunes, autour des vingt-cinq ans. L’un des deux, qui était en fait le patron, demanda où se trouvait la fuite. Il alla voir le ballon d’eau chaude puis, après l’avoir inspecté, fit une vilaine moue. Il prit ensuite la parole :
_ Je vous explique, votre ballon est foutu, il est percé, on ne peut rien faire, c’est comme un être humain.
Emile Santer écouta avec attention les propos du jeune patron et releva que son analogie « c’est comme un être humain » induisait en quelque sorte que ce plombier s’identifiait à un médecin, et qu’il réparait les tuyauteries et changeait les ballons d’eau chaude défectueux comme un chirurgien réparait les corps endommagés. Il ne niait pas que le plombier était aussi utile que le chirurgien dans la société, mais cependant cette analogie avec le corps humain attira son attention. Le plombier reprit son discours :
_ Il faut le changer. Qu’est-ce qu’on fait ?
Emile Santer se trouvait donc devant un choix difficile. Car il se doutait un peu que mettre un ballon neuf coûterait plus cher qu’une simple réparation. Il demanda alors au plombier combien cela coûterait pour le changer. Celui-ci ne répondit pas à la question et dévia du propos en demandant :
_ Vous voulez le changer ?
Comme il ne pouvait pas rester dans cette situation il finit par opter pour un changement de ballon. Le patron ordonna à son employé de dévisser une plaque de bois pour avoir plus d’informations sur la nature de ce ballon. Emile Santer remarqua également que ce jeune patron laissait échapper dans son vocabulaire des mots en verlan, c’est-à-dire le langage utilisé essentiellement par les jeunes des banlieues ouvrières qui contestaient l’ordre social en n’utilisant pas le langage courant enseigné à l’école. Ce plombier estimait que l’argot et le verlan permettaient tout autant d’expliquer beaucoup de choses, et que dire par exemple une « meuf » désignait la même chose qu’une « fille ». Mais si cela désignait la même chose, alors pourquoi faire le choix de « meuf » plutôt que de « fille » ? Ce plombier ne s’était apparemment pas posé cette question. S’il se l’était posée, il aurait découvert que dans ce choix il manifestait une opposition radicale à l’école qui, elle, utilisait un autre langage pour tenter de comprendre le monde. Cela impliquait également que ces deux plombiers refusaient catégoriquement le choix démocratique fait par la population d’utiliser un certain langage. Ainsi Emile Santer, en observant et en écoutant bien ces deux plombiers, prit conscience qu’ils étaient en fait à la limite de ce que l’on appelait la délinquance. Il remarqua aussi que le patron, qui avait approximativement le même âge que son employé, ne cessait de lui faire des brimades, de nier en bloc tout ce qu’il disait et faisait, sans apporter la moindre approbation. Il se comportait en une sorte de dictateur toxique qu’Emile Santer apparenta immédiatement, en faisant lui aussi une analogie, à un chef de bande dans le milieu de la délinquance. Il était très agressif et imposait par la force physique ses convictions et son point de vue à son salarié qui exécutait sans rechigner les ordres qu’il lui donnait. Emile Santer n’en croyait pas ses yeux et ses oreilles. C’était un peu comme s’il se retrouvait immergé dans le film « La haine », où le cinéaste dépeignait des délinquants qui rêvaient en fait de devenir riches, alors que leurs enseignants avec qui ils avaient fait le minimum d’études, puisque l’école était obligatoire jusqu’à seize ans, gagnaient à peine plus que leurs parents. Mais ces délinquants voulaient jouir sans limite, en prenant pour modèle la haute bourgeoisie qu’ils rêvaient d’égaler, en vendant de la drogue et en faisant des trafics divers en espérant faire cela un jour à grande échelle. Ainsi ils étaient dans une double contradiction où ils demeuraient prêts à mettre un coup de couteau ou un coup de revolver à un riche grand patron envers qui ils avaient « la haine », mais en même temps ils rêvaient de devenir comme ce grand patron riche. Et les enseignants qui leur donnaient les cours dans les collèges et les lycées de leur quartier tentaient comme ils pouvaient de leur expliquer cette contradiction et ce paradoxe, mais ils se cognaient contre un mur et n’obtenaient pour seul résultat que la violence directe et le refus d’apprendre la moindre chose et de réfléchir. Ces délinquants ne rêvaient qu’à une seule chose : pouvoir acheter un jour une voiture de sport et jouir d’une manière primaire en se disant qu’ils étaient au-dessus des autres, les autres étant notamment les personnes de leur quartier. Et tout ceci défilait à vive allure dans l’esprit d’Emile Santer, en voyant et en écoutant ces deux plombiers Tout à coup le patron intervint :
_ Vous allez me faire un peu de place sur le bureau, j’ai besoin d’écrire.
Le patron n’avait utilisé aucune formule de politesse qui indiquait par exemple le respect de l’autre, et s’était exprimé avec autoritarisme, comme lorsqu’il donnait un ordre à son employé. Il se comportait comme s’il était chez lui et que tout ce qui l’entourait dans le logement lui appartenait donc, sans même avoir le moindre consentement d’Emile Santer. Il rédigea quelques lignes sur une facture puis lui demanda de signer, sans même lui laisser le temps de lire ces lignes ou même d’avoir la moindre explication. Le patron le poussait à agir vite et sans réfléchir. Il savait qu’Emile Santer souhaitait au plus vite obtenir de l’eau à ses robinets et jouait donc de cette contrainte pour l’obliger à signer la facture en mettant bien la mention « lu et approuvé » avec sa signature. Il signa donc la facture tout en réussissant à avoir le temps de distinguer le montant total qui s’élevait à la somme astronomique de 6200 euros ! Il ne connaissait pas le prix des ballons d’eau chaude vendus dans le commerce, mais il se doutait cependant que leur prix était était largement plus bas que ce que lui facturait ce plombier. Il prit conscience qu’il était face à une escroquerie mais le patron devenait de plus en plus agressif et lui demanda d’une manière abrupte sa carte bleue. Il alla donc chercher sa carte dans son portefeuille et la donna au plombier. Celui-ci la prit et l’inséra dans un petit lecteur portatif. L’atmosphère était tendue. Le visage du patron demeurait crispé et il serrait les dents en composant les chiffres du montant total de la facture. Vint alors le moment de taper le code de la carte bleue. Emile Santer composa les chiffres du code, mais ce dernier ne fut pas accepté par le lecteur. Le patron commença à manifester une certaine animosité et lui demanda en élevant la voix de refaire le code. Après trois tentatives infructueuses, le plombier gesticulait dans tous les sens et présentait une franche agressivité. Puis il finit par dire en aboyant qu’il ne ferait donc pas les travaux et qu’il n’acceptait que le paiement par carte bleue ou en espèces. Emile Santer lui expliqua qu’il n’était pas possible de retirer 6200 euros au distributeur de billets car les retraits étaient plafonnés à 1500 euros par semaine. Le plombier se mit en colère et lui dit qu’il pouvait augmenter le plafond des retraits depuis le site web de sa banque. L’ambiance devenait électrique et le patron faisait des gestes qui signifiaient qu’il était prêt à en venir aux mains en lui mettant son poing dans la figure. Voyant que la situation tournait assez mal et qu’il n’avait que très peu d’options, Emile Santer lui proposa de lui donner 1500 euros en espèces et de lui régler le reste par virement. Le plombier refusa d’une façon énergique et comme sans appel possible. Il tenta de le convaincre qu’il était honnête en utilisant divers arguments, dont celui qui possédait le plus de poids aux yeux du patron en lui disant :
_ Vous savez où j’habite, vous savez donc où me trouver.
Cet argument sembla convenir au plombier, lequel traduisait cette phrase dans son langage personnel par : je pourrai toujours venir lui casser la gueule et l’obliger à payer. Le patron finit par dire :
_ D’accord, parole d’homme !
Il fit sortir les deux plombiers de son domicile en leur demandant de patienter devant l’immeuble, le temps d’aller au distributeur automatique de billets pour retirer 1500 euros. Emile Santer restait effrayé et avait du mal à croire à la situation qu’il traversait. Il déchiffrait derrière leur fonction de plombier ce qui se dissimulait, c’est-à-dire deux anciens délinquants qui avaient décidé plus ou moins de se « ranger » en essayant de gagner de l’argent d’une manière tout de même pas totalement honnête. Et le jeune patron semblait avoir de grands appétits financiers. Il était même très probable que ce plombier avait plus de revenus que par exemple un professeur des écoles ou même également un enseignant du secondaire. Il réclamait à sa manière, c’est-à-dire en escroquant les clients, sa part du gâteau social, en s’appropriant même une très grosse part. Il devait également se dire que ces enseignants, contre lesquels il avait dû s’opposer en ne préparant qu’un CAP de plomberie en ne voulant pas en savoir davantage, étaient selon lui des « perdants » puisqu’il avait plus de pouvoir économique qu’eux. Et que donc, toujours selon sa logique, parler par exemple en verlan aboutissait à une meilleure situation financière que d’utiliser par exemple le vocabulaire des professeurs de lycée. En somme, tout venait conforter et confirmer ses positions, jusqu’à son passé probable de jeune délinquant. Et il était bien parti pour réaliser ses ambitions qui étaient sans doute, notamment, celles de pouvoir se payer une grosse Mercédes haut de gamme qui représentait à ses yeux le plaisir suprême et le symbole de la réussite sociale. Il ferait tout ce qui était nécessaire pour atteindre son objectif, en créant par exemple d’autres entreprises de plomberie ou en devenant propriétaire de restaurants, de bars ou de tout autre chose. Il avait sous ses yeux une multitude d’exemples qui venaient conforter ses thèses. Il voyait entre autres le patron de Free gagner pas mal d’argent tout en ayant refusé de faire des études. Il se sentait donc en position de légitimité lorsqu’il parlait en verlan avec ses employés, puisque au bout du compte il réussissait à gagner plus d’argent qu’un professeur. C’était aussi le raisonnement de Xavier Niel lorsqu’il avait créé son école d’informatique sans professeurs. Son école était d’une certaine manière l’affirmation de son propre parcours, lequel disait qu’il n’était p as nécessaire de savoir certaines choses, et dans le cas de son école c’était même de ne rien savoir du tout puisqu’il n’y avait aucun enseignant, et que malgré tout les élèves réussiraient à devenir des développeurs et des ingénieurs en informatique selon ses hypothèses. Ce jeune patron plombier demeurait donc conforté dans ses convictions puisque la société avait décidé démocratiquement que même sans faire d’études, on pouvait tout de même créer une entreprise et que le seul critère pris en considération était celui de la rentabilité économique. En d’autres termes, la seule démonstration était la preuve par l’argent, même si certaines professions exigeaient une formation, comme par exemple la médecine ou l’enseignement, pour ne prendre que ces cas.
Emile Santer réapparut au pied de son immeuble, en annonçant aux deux plombiers qu’il avait retiré l’argent. Ils se rendirent tous les trois dans le logement et il sortit la liasse de billets qu’il tendit au patron. Ce dernier compta avec une rapidité, une précision et une dextérité qui le subjugua. Il manipulait les billets comme un employé de banque au guichet. Il se dit donc que ce plombier, malgré son jeune âge, avait dû déjà voir défiler beaucoup de liasses dans ses mains. Celui-ci avait presque cessé de montrer un visage agressif. C’était comme si le fait d’être en possession de ces 1500 euros en espèces l’avait apaisé. Il expliqua alors à Emile Santer que deux plombiers de son entreprise allaient venir chez lui dans trente minutes pour installer un ballon un ballon d’eau chaude neuf. Il ne s’attarda pas plus et sortit, suivi de son employé.
Il se sentit soulagé par leur départ. Cette atmosphère de violence latente l’avait beaucoup perturbé. Il avait même pensé, à un moment, à appeler la police avec son portable. Il ne se doutait cependant pas encore que c’était loin d’être fini et de ce qui allait se dérouler par la suite.
Une heure plus tard il entendit sonner à la porte. Il alla ouvrir et découvrit deux individus qui se présentèrent comme étant les plombiers qui devaient venir chez lui. Ils étaient sensiblement du même âge que les deux autres et il s’aperçut, après quelques instants, qu’ils parlaient entre eux également en verlan. Ils possédaient quasiment les mêmes caractéristiques culturelles que les précédents plombiers et formaient donc un groupe assez homogène. Le patron avait dû les embaucher parce qu’ils ressemblaient presque complètement à lui, avec cette seule différence qu’il était le patron. Ils se mirent immédiatement au travail et enlevèrent l’ancien ballon d’eau chaude et commencèrent à préparer le ballon neuf. Soudain l’un d’eux dit :
_ Vous avez beaucoup de livres, ça sert pas à grand chose d’en avoir autant.
Le deuxième renchérit :
_ Les livres on en veut toujours plus et c’est inutile.
Emile Santer se sentit de nouveau mal à l’aise. Lui qui ne se permettait pas de porter une critique sur leur travail, était soudainement sous les feux d’une sorte de jugement acerbe de la part de ces deux personnes. Il sentait l’opposition monter lentement et essayait de se préparer à produire une réponse adéquate pour esquiver ce qui était en somme une attaque directe à ce que représentaient symboliquement, dans leur imaginaire, ces livres qui remplissaient intégralement le logement. Ils poursuivirent l’installation du nouveau ballon d’eau chaude. Il y avait une petite difficulté car le ballon était légèrement plus volumineux que l’ancien. Ils se mirent à râler, échangèrent entre eux des propos mélangés d’argot et de verlan et se dirent qu’il fallait enlever des grosses vis ainsi que des supports de fixation en bois. Après de longs tâtonnements, ils réussirent à fixer le nouveau ballon. L’un d’eux laissa échapper en élevant la voix :
_ Il est tard, ça prend trop de temps et on perd de l’argent !
Emile Santer n’en croyait pas ses oreilles. Le patron lui avait facturé 6200 euros pour l’installation de ce ballon et ce plombier osait dire qu’il perdait de l’argent ! Il se sentait à bout et ne pouvait s’empêcher de penser que toute cette clique voulait une revanche sociale par l’argent tout en continuant à baragouiner dans leur verlan et en imposant par la force leurs idées qui se résumaient en fait à une ignorance totale. C’était la première fois qu’il voyait de tels plombiers affirmant avec une telle violence leurs convictions. Et si cela se résumait encore à de vagues convictions, cela aurait pu encore passer, mais de plus ils cherchaient en quelque sorte à extorquer le plus d’argent possible au client qu’il était, ainsi que probablement à d’autres clients, qui se trouvaient dans l’urgence. L’un d’eux alla chercher une pièce détachée dans un sac, d’une valeur approximative de 15 euros, et dit à Emile Senter :
_ Ça je vous le fais cadeau, en prenant un air de satisfaction, comme quelqu’un qui attribuait un grand privilège à une personne.
Emile Santer demeurait interloqué, en se disant, durant l’espace d’un instant, que ce n’était pas possible, que ce qu’il percevait n’était que le résultat de son imagination. Mais le doute le quitta presque aussitôt, et il accepta que c’était bien là la réalité.
Les deux plombiers échangèrent de nouveau quelques phrases en verlan et l’un d’eux décida de fixer la pièce d’une quinzaine d’euros sur le ballon. Celui qui était allé chercher cette pièce dans le sac dit alors en s’exclamant :
_ Priez pour qu’il n’y ait pas de fuite ! Allez, priez !
Pris au dépourvu, Emile Santer s’entendit dire : « Prions pour qu’il n’y ait pas de fuites ». Le plombier reprit aussitôt en haussant le ton :
_ Plus fort ! Plus fort ! Et j’ai crié, crié Alice !
Le plombier faisait probablement référence, on ne savait pourquoi, à la chanson de Christophe. Emile Santer se sentait désemparé. Il se disait que ces deux types étaient complètement tarés, et que de plus ils représentaient surtout un danger. Il se dirigea vers la salle de bain pour aller ouvrir le robinet général d’arrivée d’eau. Il revint ensuite à la cuisine, là où se trouvait le ballon. Il demanda aux deux plombiers :
_ Ca fuit ?
_ Apparemment ça fuit pas, répondit celui qui semblait être un fan de Christophe.
Il se sentit plus léger. Il allait enfin avoir de l’eau et pensa immédiatement qu’il allait pouvoir prendre une douche. L’ancien ballon défectueux avait été déposé devant la porte d’entrée, sur le palier. Il dit alors à l’amateur de Christophe :
_ Vous allez emporter l’ancien ballon j’espère ?
_ Non on va le laisser là.
Emile Santer ne comprit pas immédiatement, tellement la phrase était prononcée d’une manière affirmative et sans ton de sous-entendu, que c’était là sa manière de faire de l’humour et de se rendre intéressant. Trente secondes plus tard il comprit, en voyant le plombier se diriger vers l’ancien ballon, que celui-ci allait s’occuper de l’enlever du palier. Il lui indiqua qu’il pouvait le déposer dans un renfoncement sur le trottoir, à une vingtaine de mètres sur la gauche en sortant de l’immeuble.
Les deux plombiers s’emparèrent du ballon et commencèrent à descendre les escaliers. Emile Santer leur lança un au revoir en leur souhaitant une bonne soirée. Ils ne répondirent rien et partirent dans un grand silence. Il referma la porte d’entrée et alla s’allonger sur le canapé. Son esprit était vide. Il se dit cependant que dans une heure, le temps que l’eau du ballon chauffe, il pourrait prendre une douche bien chaude et se délasser, en essayant d’oublier le cauchemar qu’il avait traversé.
Copyright Serge Muscat – mars 2025.