TNT (Poème télévisé)

Un cyclone s’est abattu sur la Floride, de grosses pluies provoquent des inondations dans le sud de la France, un raz de marée a dévasté plusieurs îles du Pacifique, le Premier ministre a souhaité s’entretenir avec son homologue allemand, les nombreux départs en vacances rendent la circulation automobile difficile, un nouvel attentat a fait cinq morts et quinze blessés, la vague de froid frappe les plus démunis, le procès de la star du rock s’ouvre aujourd’hui, cette semaine il y aura des précipitations sur toute la France, il ne vous reste que cinq jours pour envoyer votre déclaration de revenus, le Président de la République poursuit sa visite en Chine, un camion est sorti de la chaussée faisant trois morts et cinq blessés, l’équipe de France gagne trois à zéro, un foyer d’hébergement est ouvert aux sans-abri, l’alcool au volant provoque plusieurs milliers de morts par an, les prochaines récoltes seront compromises à cause de la sécheresse, un nouvel attentat a fait huit morts et trente blessés, le ministre de l’Économie se rendra cette semaine à Bruxelles, il n’a pas fait aussi froid depuis quarante ans, un wagon a déraillé faisant trente morts et cent blessés, la grève des employés bloque une bonne partie des autoroutes, le constructeur automobile présente son nouveau modèle fabriqué pour le moment à cinquante exemplaires, les salariés revendiquent une hausse de leur pouvoir d’achat, il n’existe pas de preuve pouvant compromettre la star du rock, le lancement de la Télévision Numérique Terrestre sera effectif à partir de la semaine prochaine.

En résonance avec ce texte qui traite de la télévision et de sa médiocrité, je vous propose une conférence de Serge Tisseron sur l’utilisation de l’image dans la publicité et la propagande. C’est ici.

Pourquoi le logiciel libre est-il plus performant que le logiciel à brevets.

Le logiciel libre, comme GNU/Linux, est bien plus performant qu’un logiciel privateur comme Windows (reposant sur des brevets) pour la simple raison qu’il est justement libre. Le système du brevet n’est qu’une façon parmi d’autres pour financer les créateurs de logiciels. Or la licence libre autorise à tout le monde d’obtenir le code source d’un logiciel, de le modifier et de le redistribuer, et donc aussi de le faire évoluer. Dans ce processus intervient immédiatement la question de savoir comment rémunérer les développeurs, puisque leurs créations ne sont pas brevetées, le brevet permettant une rémunération et une exclusivité sur le logiciel. C’est bien là l’épineux problème soulevé par le logiciel libre, le problème de son économie. C’est une question que n’entrevoie pas immédiatement l’utilisateur de logiciels libres. Pour lui, bien souvent, c’est un « logiciel gratuit ». Or il y a des logiciels gratuits qui ne sont pas libres. C’est même ce qui oriente son choix vers un logiciel libre : le fait qu’il soit gratuit. Il ne perçoit pas l’économie qu’il y a derrière. Je ne vais pas faire un exposé sur les théories économiques car ça nous mènerait bien trop loin. Cependant il est utile de remarquer que le logiciel libre repose sur une économie particulière qui est totalement différente de celle du logiciel privateur. Et cette économie repose sur le don. Même lorsqu’un développeur fait évoluer un programme sans ne rien demander en retour, il n’empêche qu’il est lui aussi inscrit dans un système économique: il fait cette activité durant son temps libre qui est limité, mais il a également un métier, a des factures à payer, bref, il est inscrit dans un système économique. Toute activité humaine fait intervenir l’économique. Et s’il réussi à obtenir une aide financière pour le travail qu’il fait, ça ne fera que l’aider à mieux travailler pour le développement de ces logiciels. Les logiciels libres ne peuvent pas se développer dans la longue durée sans le système de dons. Ceci n’est la plupart du temps pas parfaitement clair pour l’utilisateur de logiciels libres qui pense, comme le mettent en avant certains médias, que le logiciel libre est gratuit. Or la liberté a également un coût. Pour maintenir la liberté du logiciel, il faut également participer économiquement au maintient de cette liberté. Pour que les logiciels soient libres et n’appartiennent pas à une entreprise privée quelconque, il faut également soutenir économiquement les développeurs, les associations et les fondations qui produisent ces logiciels libres. Et les associations et les fondations ne sont pas à but lucratif. Ce qui n’est pas immédiatement perçu par pas mal de gens. Elles n’ont pas pour but premier de faire du profit et d’enrichir quelques personnes, comme c’était le cas avec Bill Gates lorsqu’il a fondé l’entreprise Microsoft. Lorsqu’une personne fait un don à une association ou à une fondation, cet argent est redistribué d’une manière bien différente de celle faite dans une entreprise qui est à but lucratif. Pour en prendre pleinement conscience dans toutes les dimensions, il faut avoir quelques connaissances sur la constitution juridique d’une association ou d’une fondation par rapport à la constitution juridique d’une entreprise à but lucratif. Or tout le monde n’a pas encore clairement ces connaissances. Ils savent qu’une association est de la loi 1901 et qu’elle est à but non lucratif, mais ça ne va pas plus loin. Ils ne voient pas en fait pourquoi elle est dite à but non lucratif. Certains ne savent par exemple pas faire la différence entre une SARL et une SA ou une coopérative. Sans m’attarder sur ce sujet pourtant très important, il est donc nécessaire de prendre conscience, pour tout nouvel utilisateur de logiciels libres, que l’existence de ces derniers repose sur les dons que chacun fait à ces associations et ces fondations qui produisent ces logiciels libres, et donc sans la restriction des systèmes de brevets qui fait que les logiciels appartiennent à une entreprise privée bien particulière dont, au final, l’utilisateur dépend. De plus, on peut adapter selon ses besoins un logiciel libre puisqu’on possède le code source et qu’on peut le modifier librement, ou demander à une personne de le faire si l’on n’a pas les connaissances nécessaires en programmation.

J’espère que ces quelques explications auront apporté un éclairage sur le logiciel libre et son mode d’existence, et donc, de son économie et de son financement. Économie qui est par ailleurs plus vertueuse que celle basée sur le profit car elle repose sur le bien-être du plus grand nombre alors que l’économie du profit repose sur la richesse de quelques uns qui imposent leur loi au plus grand nombre, comme l’a fait Bill Gates avec Microsoft en imposant Windows dans tous les ordinateurs achetés, c’est à dire en pratiquant la vente forcée, où Windows est préinstallé sur les ordinateurs et où les clients paient la licence sans avoir d’alternative.

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Voici les liens de deux sites utiles pour s’informer et contribuer au logiciel libre. Le premier est « LinuxFr.org » où l’on trouve beaucoup d’informations sur l’actualité de GNU/Linux. Et le deuxième est un site de financement participatif qui s’intitule « Open Collective » sur lequel sont présentés une multitude de projets de logiciels libres sans cesse réactualisés, dont bien entendu ceux qui concernent GNU/Linux. Il faut comprendre que participer, en donnant même quelques euros, s’avère très efficace lorsque le nombre de donateurs est très élevé. Cela permet aux développeurs d’écrire les programmes dans de bonnes conditions.

PS: Je conseille vivement la lecture de l’ouvrage de François Elie intitulé: Économie du logiciel libre, publié aux éditions Eyrolles, pour obtenir une étude beaucoup plus approfondie sur le financement du logiciel libre. Car sur n’importe quel sujet, partout où l’on se tourne, revient l’éternel problème de l’argent: qui paie? Et quand « personne ne veut payer » il n’y a tout simplement aucune création, le terme création étant pris au sens large. Car même lorsqu’il y a une aide publique, bien c’est justement quelqu’un qui paie encore, c’est-à-dire l’État, et donc les divers impôts. Et le logiciel libre ne peut pas réellement se développer sans financement. Mais son système est vertueux car il s’oppose au système de la propriété intellectuelle en faisant appel par exemple aux dons, ou chacun donne ce qu’il veut, quand il veut et selon ses moyens, donc dans une totale liberté en n’imposant pas »un prix » comme dans un système commercial classique. Cela fait appel à « votre implication personnelle » beaucoup plus que quand vous achetez une brosse à dent ou autre chose, où vous êtes totalement « détaché » du produit et de sa fabrication par le fait que vous payez avec « un prix fixé » et que ce prix que vous payez vous place dans une totale distance et même indifférence à l’égard de beaucoup de choses. Ca serait trop long à expliquer mais le système de dons est basé sur un échange, celui qui donne attend quelque chose en retour et ce quelque chose peut prendre des formes d’une très grande variété, parfois même qui sont très difficiles à identifier et se déclenche alors un contre-don dans un mécanisme d’échange, alors que quand vous payez votre brosse à dent, une fois que vous l’avez payée il ne se passe plus rien après avoir réglé le montant à la caisse, ce qui est totalement différent du système d’échange commercial où vous échangez de l’argent pour un prix fixé pour obtenir un « produit » ou un « service ». Lisez Marcel Mauss qui a pas mal défriché le sujet, mais il n’a cependant pas tout compris -si toutefois la totalité existe d’une manière définitive- de ce qu’est un don mais ça vous fera prendre connaissance de son travail.