« Faites ce que je dis; ne faites pas ce que je fais ».
(Philosophie politique de Bruno Le Maire, appelé également l’exploiteur)
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« Il n’est pas encore mort ! » C’est sur cette phrase que se termine la brève discussion que l’étudiante en psychologie a avec ses amies. Je n’ai jamais cru à la bienveillance des psychologues, qu’ils soient étudiants ou praticiens. Il y avait chez cette étudiante quelque chose de malsain. On peut se poser la question de savoir ce qui pousse certains à entreprendre des études de psychologie. Ma longue expérience m’a fait découvrir que ceux qui souhaitent devenir psychologues ont à la base un problème avec eux-mêmes. Ce désir de tout contrôler et d’être des « guides » pour autrui m’a toujours semblé suspect. Pourtant des millions de gens consultent régulièrement un psychologue en croyant que cela va leur apporter un soutien. Quelle naïveté !
Celui qui n’est pas encore mort est un étudiant pauvre qui me disait qu’il lui avait fallu voler pour manger. Je n’en dirai pas plus sur lui, cela suffira comme présentation.
Comme il y a « l’enfance d’un chef », il y a également l’enfance d’un psychologue. Et cette enfance s’apparente ici aux années de formation de l’étudiante en psychologie. Nous étions dans la période des années 1985 et j’avais rencontré cette personne dans un cours d’arts plastiques proposé par la municipalité. Nous étions tout un groupe à nous adonner aux joies de la création et je la voyais peindre à l’écart des autres participants d’étranges formes sur du papier à dessin. C’est par la suite que j’ai compris sa démarche : elle cherchait à sonder son inconscient en se laissant aller à peindre ce qu’il lui passait à l’esprit. Situation déplacée alors que tous ici cherchaient à inventer des figures originales. Voilà à quoi s’occupait l’étudiante en psychologie : à faire en quelque sorte de l’art-thérapie. Aussi était-ce pour cette raison qu’elle restait à l’écart du groupe, car elle suivait une démarche totalement différente de la notre et les finalités demeuraient surtout complètement divergentes de celles des personnes présentes dans la salle. Pour elle, l’art servait à soigner et à aucun moment il ne lui venait à l’esprit que l’art pouvait être mis au service de bien d’autres choses, notamment, par exemple, d’une cause politique. Comme le policier voit des voleurs partout, cette étudiante en psychologie voyait de la pathologie chez tous les artistes. Elle qui demeurait au degré zéro de la créativité, suspectait les créateurs de complexes obscures qui les incitaient à créer.
Elle s’intéressait notamment à la vie de Camille Claudel qui est morte internée. Elle avait là la preuve que les artistes étaient des fous en germe. La pauvre et géniale Camille dont la famille était infecte (surtout sa mère). Voilà ce qui arrive lorsqu’une jolie fleur pousse sur un tas de fumier.
Mais avant d’aller plus loin, je vais vous décrire brièvement l’étudiante en psychologie. De taille moyenne, avec des cheveux longs très bruns, elle avait des yeux bleus et un visage disgracieux, pour ne pas dire laid. Elle arborait également un gros cul, pour donner la dernière touche à ce personnage qui ne possédait aucune harmonie. Sans oublier enfin qu’elle avait la peau très grasse, ce qui donnait la sensation qu’elle ne se lavait jamais le visage.
Cette étudiante, donc, travaillait dur pour devenir universitaire. Arrivée en maîtrise, elle avait publié un article dans une revue de psychologie qui traitait de la folie de Mad Max. Il lui fallait bien se faire les dents sur quelque chose, alors le personnage du film Mad Max était une opportunité comme une autre. Toute fière, elle m’avait donné un tiré à part de l’article qui s’intitula it : « Mad Max est-il fou ? » Pour ma part, je ne me posais pas la question de savoir si Mad Max était fou ou pas, car ce film soulevait bien d’autres problématiques comme la question des classes sociales et des individus marginalisés.
Elle gravit ainsi une à une les marches de la hiérarchie jusqu’à obtenir un poste d’assistante à l’université. Plus ses compétences en psychologie évoluaient et plus elle devenait hypocrite et manipulatrice. Elle s’était intéressée pendant une période à la psychologie de la femme fatale. Peut-être rêvait-elle jalousement de devenir elle aussi une femme fatale. Mais pour le moment, elle restait fatalement affublée de grosses fesses, ce qui ne lui permettait pas de faire autre chose que de la psychologie.
Je ne sais pas ce qu’est devenu celui qui n’était « pas encore mort. » Je sais cependant que cette étudiante est devenue professeur et qu’elle a désormais un cabinet de consultation non conventionné ∙
© Serge Muscat – Août 2023.